Dune : le Film

Adaptation de l'histoire

Paul affronte le Gom Jabbar

Dans cette première adaptation cinématographique du chef-d'oeuvre de Frank Herbert, l'histoire générale est assez bien respectée, malgré de nombreux raccourcis, pris pour faire tenir le film dans ses 2 heures 10. Des parties entières du roman de Frank Herbert ont été résumées ou tout simplement supprimées, ce qui bien sûr ne plaît pas à tout le monde. Objectivement, adapter plus fidèlement Dune en un film de aussi court est de toute façon probablement impossible. Même un film de trois heures aurait probablement été extrêmement dur à faire.

Le scénario complexe du livre devient donc quelque peu cryptique dans le film pour qui n'a pas lu le roman. D'un côté, on peut juger cette condensation du livre comme efficace car on suit sans problème l'action, et on ne s'ennuie pas un seul instant en regardant le film. Mais d'un autre, elle trahit de nombreux aspects de l'œuvre originale, et la raison de nombreux évènements reste nébuleuse pour qui n'a pas lu le livre. Seules plusieurs lectures du livre et plusieurs  visions du film permettent réellement de comprendre tout les tenants et les aboutissants de chaque faction, ainsi que la signification totale de chaque scène. La fin du film est également différente, plus fermée, plus mystique, et raccourcissant l'histoire par rapport aux livres. Dès la sortie du film la réalisation de suites directes au film adaptant les autres romans du cycle était donc difficilement envisageable.

Fiche Technique

  • Dune
  • 1984 - Columbia Tristar - 135 minutes
  • Scénario : David Lynch
  • D'après le roman de Frank Herbert
  • Producteur : Raffaela de Laurentis
  • Musique : Toto, Brian Eno
  • Disponible en DVD et DVD collector
Paul et Stilgar chevauchant un ver

Adaptation de l'univers des romans

Sting campe un Feyd peu vétu

L'univers de Dune est de toute évidence fortement influencé par Lynch, et il faut admettre ce n'est guère à son désavantage. L'aspect du film en est ainsi unique, ce qui qui est fort appréciable pour un film de Space-Opera. Les Harkonnens, par exemple, ont un look extrêmement noir et malsain (aussi bien au niveau physique que psychique), très dérangeant. Le coté ignoble de cette famille passe donc magnifiquement bien à l'écran, malgré son côté un peu caricatural. Ce qui en fait au final des ennemis particulièrement charismatiques pour les Atréides. Ceux-ci sont en revanche montré comme de véritables archétypes de la noblesse, droit et justes, tels qu'ils sont décrits dans le roman. On a affaire à une interprétation osée, mais diablement picaresque, du riche univers décrit dans les romans.

Le plus grand changement avec les livres et l'existence des modules étranges. Cet étrange ajout ne peut que déconcerter celui qui a d'abord lu le livre et beaucoup se demandent encore le pourquoi de cette invention. En remplaçant un art martial millénaire et secret par une technologie miraculeuse (mais tout aussi secrète), une partie de l'ambiance mystique du roman disparaît. Mais ils auraient étés suggérés à David Lynch par Herbert en personne et ce simple fait suffit en partie à leur donner une certaine légitimité, même si cela ne peut suffire entièrement à clore le débat.

Critique Globale

La plus grande qualité de ce film est sans nul doute l'impressionnant souffle épique, qui doit beaucoup à la musique de Toto. Le thème principal du film est un modèle du genre, par l'impression d'ampleur cosmique qu'il donne dès les premières minutes du film. Les effets spéciaux, qui ont très mal vieillis, quand ils ne sont pas complètement ratés, nuisent en revanche d'une façon assez importante au film. Ils arrivent toute fois à renforcer ce souffle épique sur certains moments, hélas trop rares. La chaleur du désert est l'inhospitalité est par exemple très bien rendue, contrairement à l'adaptation suivante, en mini-série.

Les impressionants Sardaukars

Les décors intérieurs et les costumes sont un des autres points forts de cette adaptation. Ils rendent très bien la nature des chaque monde : Caladan, Arrakis, Geidi Prime, Kaitain, et le mode de vie des Grandes Maisons. Les limites des effets spéciaux ne rendent cependant pas l'immensité de chaque monde (sauf Arrakis), ce qui donne une ambiance un peu claustrophobe au film. Les scènes d'extérieurs sont soit nocturnes, soit mal éclairées, soit mal cadrées, empêchant parfois même de comprendre que la scène se passe bel et bien en extérieur !

Les acteurs de leur coté, font un travail remarquable, malgré la dure tache d'interpréter des personnages souvent complexes dans le format court d'un film. Le casting est impeccable, avec Kyle MacLachlan, dans le rôle principal, que l'on peut considérer comme un acteur fétiche du réalisateur David Lynch. On retrouve dans les seconds rôles des visages bien connus de la science fiction, comme Patrick Stewart (Jean Luc Picard dans Star Trek : The Next Generation) dans le rôle de Gurney Halleck et Dean Stockwell (Al Calivicci dans Code Quantum) dans celui du Dr. Wellington Yueh. N'oublions pas Sting (Feyd-Rautha Harkonnen) dans une de ses rares apparitions en tant qu'acteur (mais au combien inoubliable !). Notons enfin Sean Young, qui joue Chani, qu'on peut aussi retrouver dans Blade Runner et les Aventuriers de l'Arche Perdue.

De somptueux décors

Au final, on obtient donc un film assez inégal, qui a visiblement souffert de difficultés lors de sa création, aussi bien financières que techniques. Les nombreux montages existant du film prouvent également cette genèse chaotique. Le résultat est néanmoins un film atypique, et donc culte, qui a sans doute propulsé de nombreuses personnes dans le monde de Dune, où même simplement de la Science-Fiction. Ce qui est déjà le signe d'une certaine réussite.

Liens externes

Fiche mise en ligne le 27 juillet 2002
Nouvelle version améliorée (textes et photos) le 22 janvier 2006